Dans ma fosse, sous un volcan de feu, ma terre se métamorphose. Sa structure moléculaire se modifie, la mémoire de pierre de l’argile retrouve sa forme originelle.
Dans ma fosse, sous un dôme de braises et de cendres, la terre cuite poursuit son rêve de fusion. Couverte de cendres envolées, enfumée au cœur. L’odeur du feu passé porte loin.
Les braises se sont refroidies autour de la terre brûlante. L’air est chaud. Il est trop tôt encore pour fouille les cendres. Je m’allonge au sol. Cette terre-là aussi est encore trop chaude. Installée de cette façon, c’est comme si je m’apprêtais à développer une pellicule photographique.
J’ai une vague idée de ce qui peut se révéler. Mais je n’ai aucune certitude. Ce qui se trouve sous les cendres m’est devenu inconnu.
Je cuis ma terre au feu de bois, je ne peux pas prévoir, ni contrôler. J’essaye. J’écris dans un cahier, la date, l’essence et la qualité du bois, la météo, l’agencement dans ma fosse, le temps passé à nourrir le feu, le temps passé à le contempler, la nuit tombée, les quelques gouttes de pluie en hiver, le vent qui rabat les braises en plein été…
Enfin je tire des cendres mes pots, découvre les fissures, les couleurs, les éclats et les vitrifications.
J’aligne les pots tirés du feu, remplis un panier.